Biographie
Caroline Sablayrolles, née à Montpelier en 1977, a grandi à Strasbourg où elle a tout d’abord suivi les cours de Madame Claustre au conservatoire.
Elle doit surmonter depuis l'enfance un lourd handicap visuel qui la prive de vision centrale et altlère sa vision périphérique.
« Du haut de mes six ans, dit-elle dans son livre Avant le concert , paru aux éditions de l’Harmattan, en 2013, je rêvais que je possédais la vision des chats, c'est-à-dire que je pouvais comme eux, voir la nuit et sentir les éléments au delà du regard. Du moins, est-ce ainsi que je me représentais la vision des chats »
Bercée par les répétitions et les concerts de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg, où son père est bassoniste, la petite fille commence un apprentissage rendu difficile en raison de sa malvoyance. Mais l’attitude bienveillante de son professeur lui permet de poursuivre ce qui sera l’engagement de toute sa vie : jouer et sortir des schémas élitistes pour rendre la musique accessible à tous à travers le piano.
Plus tard, élève de Rena Sherechevskaya, au conservatoire de Colmar, puis de Maria João Pirès pendant plusieurs années dans son Centre des Arts, à Belgais, au Portugal, elle commencera à enseigner et à jouer en public.
La rencontre avec M.J.Pirès est déterminante dans le parcours de Caroline. L’influence de la grande pianiste est évidente dans son jeu : recherche de la compréhension totale de l’œuvre, très grande simplicité, respect du texte, travail sans effets faciles…. Le déracinement culturel joue également un grand rôle. Elle apprend le portugais, une autre musique à vivre au fil des jours. Elle s’imprègne du rythme nouveau de la vie quotidienne, des couleurs contrastées, d’autres nuances gustatives, d’autres sons. Et elle rencontre au conservatoire de Castello Branco, celui qui deviendra son mari, le corniste, André Monteiro.
Lorsque Caroline Sablayrolles revient en France avec son mari, elle enseigne à l’école de musique de Truchtersheim (dans le Kochersberg, région proche de Strasbourg). Elle est prête, par ailleurs, à se lancer dans l’aventure des concerts pour partager avec le public ce que lui ont légué ses maîtres.
Malheureusement, la belle dynamique est interrompue par l’opération d’un méningiome qui la forcera à tout réapprendre, du langage à son métier de pianiste. « »
Il faudra deux ans de travail et d’espoir partagés avec les siens pour que la jeune pianiste retrouve son aisance d’avant l’opération. De nombreux concerts l’attendent. Elle met au monde une petite fille. Elle écrit un livre avec l’aide de l’écrivain Chantal Serrière. Elle fonde une première association "Vue d'ensemble", avec Yves Wansi, pour élargir le champ des activités des mal-voyants et plus tard, une autre association "Thelxis," dont le but est l'accès pour tous à la musique et aux arts en général. Elle participe au festival de Jersey, aux rencontres de la Société Chopin de Londres, joue Brahms à quatre mains avec François-René Duchâble... Rien ne peut arrêter son besoin de partager la musique qui l'habite avec un public toujours fidèle aux rendez-vous qu'elle lui donne.